Au XVIIIe siècle, le ‘roman’ est un ensemble très hétérogène de formules
narratives. L’objet de cet ouvrage est d’étudier comment, dans un
contexte hostile, certaines de ces formules se codifient en se
conformant aux codes poétiques dictés par le centre du système
littéraire, alors que d’autres recherchent une position périphérique qui
permet de renouveler ces mêmes codes.
L’évolution du roman au XVIIIe siècle n’est pas pensée ici comme l’effet
d’une interaction de la production textuelle avec la critique
spécialisée – qui paraît de mauvaise foi - mais comme une
négociation avec une instance beaucoup plus insaisissable qui est
la doxa, c’est-à-dire l’opinion publique.
Dans cet ouvrage, on écoute des formules narratives novatrices comme le
roman-mémoires et le roman par lettres négocier leur acceptation par le
public. Cette négociation vise à conclure trois accords : un pacte de
visibilité qui autorise l’auteur à se montrer, un contrat de
lecture qui propose une nouvelle manière de lire et une
convention de participation qui invite le lecteur à accepter les
‘règles du jeu’ de l’illusion.
Cette négociation est protocolaire, ce qui veut dire qu’elle est à la fois conventionnelle et indispensable.