Cet ouvrage, qui s'inscrit dans la série des Inscriptiones Daciae Romanae mise en oeuvre en 1975 par l'Académie de Roumanie, rassemble 724 inscriptions en provenance d'Apulum, le plus important centre militaire de la province de Dacie, siège du camp de la XIIIe légion Gemina. Cas unique à travers tout le monde romain, deux villes devaient voir le jour dans le voisinage du camp de légionnaires: l'une à partir d'un vicus qui sera élevé sous Marc Aurèle au rang de municipe (municipium Aurelium Apulense) et sous Commode à celui de colonie (colonia Aurelia Apulensis); l'autre trouvant son origine dans un ensemble de canabae auquel Septime Sévère octroya le statut de municipe (municipium Septimium Apulense). Quant à l'extraordinaire épanouissement économique d'Apulum, la richesse de la vallée du Mures, axe de la province, mais aussi le voisinage des mines d'or - qui valut à la colonie d’Apulum l'épithète de Chrysopolis - l'expliquent à l'envi. Avec les Inscriptions d'Apulum, nous sommes plongés dans la vie quotidienne des militaires et des vétérans, mais nous disposons également d'un point de vue privilégié sur les institutions politiques propres aux canabae et aux deux villes elles-mêmes. Au vu de la diversité des noms de divinités attestées, nous découvrons que leur population était cosmopolite et originaire de toutes les parties de l'Empire. Un aspect social apparaît lui aussi en pleine lumière: l'essor des chevaliers romains issus de l'armée ou enrichis par l'affermage des domaines du fisc impérial. Ainsi peut-on affirmer que les Inscriptions d'Apulum loin de constituer un corpus parmi d'autres, constituent bel et bien un instrument indispensable pour qui veut connaître la société romaine en profondeur.