En 1554, dans un petit village de vignerons du Hurepoix, Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), les fidèles font rédiger un obituaire pour conserver la mémoire des morts qui ont laissé des revenus afin de s'assurer une prière perpétuelle. L'édition de ce manuscrit, récemment retrouvé et fort rare dans ce contexte rural, nous permet d'entrer dans l'intimité des familles, dans la force des liens entre générations et dans leur fragilité démographique: la dissolution et l'oubli des noms les guettent en effet en moins de deux siècles. Elle permet surtout d'observer les représentations collectives d'un village de paysans ordinaire et leurs lentes mutations, de comprendre concrètement cet étrange rapport des vivants (les fondateurs) à la terre, aux morts et à la descendance (ceux qui vont payer).