Le fonds d’archives berbères inédites ‘Arsène Roux’ déposé à la Maison
Méditerranéenne des Sciences de l'Homme (MMSH, Médiathèque) à
Aix-en-Provence (France) est d’une richesse exceptionnelle. S’il a
attiré plusieurs berbérisants s'intéressant à la langue, à la
littérature et aux manuscrits, et si quelques publications ont déjà été
réalisées, seule une très faible partie de ce fonds a été exploitée
jusqu’ici.
Une collaboration régulière a été mise en
place depuis plusieurs années entre l’IREMAM d’Aix et l’IRCAM de Rabat
en vue de l’exploitation et de la valorisation de ce fonds – elle est
bien sûr largement ouverte à tous les chercheurs.
La
qualité et la pertinence des écrits d'Arsène Roux, disséminés dans des
revues aujourd'hui difficilement accessibles, et l'originalité des
matériaux linguistiques recueillis et exploités, ont amené les éditeurs
à regrouper tous ses articles, communications et comptes-rendus dans le
présent ouvrage intitulé Un berbérisant de terrain: Arsène Roux
(1893-1971). Écrits et inédits. On y a également intégré un certain
nombre de rapports et notes internes relatifs à l’enseignement du
berbère pendant la période du Protectorat, ainsi que le fac-similé de
quelques travaux d’élèves, tous particulièrement éclairants sur
l’activité pédagogique d’A. Roux.
Car
la carrière d'Arsène Roux a été marquée par un domaine de prédilection :
celui de l'enseignement, aussi bien du berbère que de l'arabe. Sa
bibliothèque foisonne de documents relatifs à ce champ d'intérêt, fondés
le plus souvent sur des corpus authentiques collectés auprès de ses
informateurs, essentiellement Si Brahim Akenku et ses élèves du Collège
berbère d’Azrou. Le fonds documentaire Roux renferme également de
précieux manuscrits en tachelhit en caractères arabes, désormais
numérisés.
Roux avait plus d'une corde
à son arc. Son intérêt pour la langue berbère et pour son enseignement
l'a amené à projeter d'élaborer des ouvrages de référence, en
l'occurrence un dictionnaire et une grammaire pour le tachelhit et le
tamazight. Les fichiers lexicographiques, les matériaux lexicaux ainsi
que les diverses notes de linguistique sont les éléments d'un grand
projet que Roux n'a pas eu le temps d'achever, pourtant tous les
ingrédients étaient réunis pour sa réalisation.
On
espère que la publication de cet hommage posthume suscitera des
vocations parmi les jeunes générations de berbérisants qui trouveront
dans ce fonds des matériaux linguistiques, littéraires et
ethnographiques considérables, divers et fiables.