Résumé:
Le bedja est la seule langue de la branche septentrionale du couchitique
du phylum afroasiatique. Elle est parlée essentiellement dans l'est du
Soudan, et, dans une moindre mesure, en Erythrée. La variété décrite dans
cette grammaire est celle de Sinkat (bedja central, Soudan), accompagnée
de quelques comparatives avec les deux autres variétés, méridionale et
septentrionale.
Le bedja présente une structure morphologique
complexe, largement fondée sur une structure en racines consonantiques et
schèmes vocaliques tant pour la formation des noms et des adjectifs que
pour celle des aspects et des dérivations verbales, comme son lointain
cousin l'arabe, avec lequel il est en contact depuis longtemps, et à
l'inverse des autres langues couchitiques qui en ont tout au plus des
traces, notamment dans la formation des pluriels nominaux.
Les
système verbal, comme dans les autres langues couchitiques, possède des
formes finies et non-finies (converbes). Il présente des traits archaïques
comme la conservation d'une conjugaison à préfixes pour une majorité de
verbes, et des innovations comme la grammaticalisation d'un nombre
relativement élevé d'auxiliaires pour exprimer aspects, temps et
modalités.
Un autre point remarquable de la grammaire du
bedja est la très grande polyfonctionnalité du verbe 'dire' qui s'est
grammaticalisé dans différentes catégories de la langue.
Cette
grammaire présente pour la première fois une analyse détaillée du système
des temps, aspects modes et modalités, et de la syntaxe des énoncés
simples et complexes.