Outre son intérêt comme langue oubanguienne de moyenne importance (12000
locuteurs environ) le monzombo présente pour les linguistes un intérêt
majeur. Si on le compare aux langues qui ont avec elle la parenté la
plus proche, le ngbaka et le gbanzili, un ammuïssement des consonnes
intervocaliques, k, t, l, a abouti à un phénomène de
transphonologisation tel que les trisyllabes sont devenus dissyllabes,
voire monosyllabes, les dissyllabes sont devenus monosyllabes. Les
voyelles devenant contiguës, tout en sauvegardant leurs tons, ont donné
des amalgames de tous ordres entraînant la création d'un quatrième
niveau phonologique, vraisemblablement et de manière inconsciente, pour
pallier la présence de trop nombreux homonymes. Si la grande majorité
des langues africaines présente deux niveaux phonologiques (bas, haut),
quelques-unes en présentent trois (bas, moyen, haut) et l'on compte sur
les doigts de la main celles qui en présentent quatre - bas, moyen,
haut, suprahaut - ou - haut, moyen, bas, infrabas -.
Les
Monzombo, population de pêcheurs proto-agriculteurs, répartie le long
des rives de l'Oubangui et du Congo, présentent également un grand
intérêt historique et sociologique car ils s'inscrivent dans un système
socio-économique, culturel et religieux avec d'autres populations
voisines, les Gbanzili-'Bolaka, les Ngbaka et les Pygmées aka et baka,
où ils jouent un rôle primordial d'ethnie dominante.