Ce livre se propose d’éclairer l’une des périodes les moins connues de
l’histoire de l’Égypte musulmane, le XVIe siècle, à travers son pan le
moins étudié: le monde rural. Une fois l’Égypte conquise (1517), les
Ottomans ont porté un intérêt majeur aux campagnes, première source de
revenus de l’État; leur souci d’en dresser l’inventaire a produit un
ensemble exceptionnel d’archives, partiellement conservées. Elles
règlementent ou enregistrent les statuts fonciers, l’organisation
fiscale et la répartition des pouvoirs et de l’autorité au sein des
villages et font percevoir la large autonomie dont jouissaient les
communautés rurales. Cependant l’apparente uniformité du monde des
villages et de la société paysanne que transmettent les archives
masquait des inégalités et une diversité considérables. Premier siècle
dont sont conservés les registres, le XVIe siècle éclaire
rétrospectivement le régime antérieur, mamelouk, et permet de comprendre
les évolutions ultérieures de l’époque ottomane.
This
book aims at studying the history of Islamic Egypt during a little-known
time period (the 16th century) through the lens of its rural world, an
even lesser-known reality. Following their conquest of Egypt in 1517,
the Ottomans developed a lasting concern for the countryside, as it
represented a major source of state income. Their attempt to assess and
harness its resources brought about an exceptional set of archival
records, part of which remain extant to date. These archives retain
information on land regimes and fiscal organisation as well as shedding
light on the distribution of power and authority within rural societies.
Despite giving evidence on the wide-ranging autonomy that local peasant
communities could enjoy, such records still impart uniformity to highly
diverse and unequal societies. Studying 16th-century Egypt in this way
is thus insightful to understand its former Mamluk history as well as
its evolutions to come during Ottoman times.