Chère à Luther, qui l’appelait sa «petite fiancée», la Lettre aux
Galates est, malgré sa brièveté, un texte majeur, décisif pour la foi
chrétienne.
Beaucoup sont d’avis que cette lettre a été écrite sous le coup de la
passion. On a même parlé de rhétorique tellement enflammée qu’elle
serait «portée au rouge». Il ne conviendrait donc pas de chercher un
ordre rigoureux dans cet écrit de circonstance. D’autres ont pu
rétorquer au contraire qu’il ne s’agit tout de même pas d’un e-mail!
Depuis plus de cinquante ans la Lettre aux Galates est devenue le champ
privilégié de l’application aux textes bibliques des règles de la
rhétorique classique gréco-latine. Certains pensent y reconnaitre un
écrit de genre judiciaire, d’autres de genre délibératif, d’autres
encore de genre démonstratif; sans compter ceux qui penchent du côté de
l’épistolographie antique.
Le présent commentaire part d’un autre présupposé. Bien que né à Tarse,
où fleurissaient les écoles de rhétorique, Paul était juif avant tout,
formé à Jérusalem où il dit avoir grandi, aux pieds de Rabbi Gamaliel.
Il est donc sans doute de meilleure méthode de chercher à découvrir la
composition de ses lettres non pas à Athènes, mais dans ce qui faisait
la substance de sa culture, la Bible, avec les lois spécifiques qui la
caractérisent.
Ainsi, la thèse essentielle de la Lettre, la «proposition», ne se
trouve pas au début de la lettre, comme le veut la rhétorique classique,
mais en plein centre de la section centrale, comme clé de voûte, et donc
de lecture, de l’ensemble de l’écrit. Paul suit en cela une des lois les
plus fondamentales et les mieux établies de la rhétorique biblique et
sémitique.
L’interprétation de la Lettre, soutenue aussi par l’étude du contexte biblique, s’en trouve par conséquent notablement renouvelée.